Le cabinet noir by Max Jacob

Le cabinet noir by Max Jacob

Auteur:Max Jacob [Jacob, Max]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Gallimard Imaginaire, 1977
Publié: 2015-04-24T22:00:00+00:00


Constance Goujart.

P.-S. — Dis donc à ta femme de chambre qu’elle mette la valise de côté jusqu’à ce qu’il y ait une occasion pour la renvoyer.

Commentaires

« Épouse, femme et mère de vos rois », dit Agrippine. Veuve, mère et belle-sœur de fonctionnaires des Directes, dit Constance Goujart, la cousine par alliance du député Ballan-Goujart. Je ne méprise point ces dynasties, je suis même persuadé que lorsqu’on a les « Directes » dans le sang, on ne peut être qu’un excellent fonctionnaire des Directes. Voyez comme cette dame Constance reconnaît les difficultés des déplacements de fonctionnaires. Voyez aussi quelle confiance dans la toute-puissance des « hautes sphères », et de la « petite intervention ministérielle ». Pas de doute dans Constance Goujart ! tout dépend du cousinage, il n’y a qu’à avoir un cousin et à savoir s’y prendre auprès de lui pour obtenir ce qu’on désire : la présence d’une fille chérie, en l’espèce. « Allons j’espère que le cousin va découvrir quelqu’un ! » Il y a dans cet « Allons j’espère… » une sérénité que rien ne peut abattre et qui n’est comparable qu’à la majesté impériale d’Agrippine conservée au milieu de la crainte et de la haine comme la majesté de Constance au milieu des obstacles : mauvais vouloir du gendre et nonchalance du cousin. Cette sérénité ne s’acquiert que par une longue habitude : vivent les dynasties !

Pauvre Constance ! vous connaissez bien la machine administrative, mais fort mal le cœur humain. Ballan-Goujart, quand sa femme lui eut lu cette lettre à table, la mit sous son couvert : il venait de jeter majestueusement sa serviette en allumant un cigare et sortit là. Provinciaux, qui attendez anxieusement des nouvelles de vos suppliques, vous n’avez pas sondé l’abîme qui nous sépare de vous et d’elles : une lettre de famille, entre deux ordres donnés à la Bourse et une invitation à dîner. Et je ne parle pas des gens à passions comme M. Ballan-Goujart. Que compte-t-elle une lettre de province dans nos combats de politiciens, nos jeux et, qui sait ? nos amours et nos vices, hélas ! Le soir, la compatissante Mme Ballan-Goujart rappelle discrètement la lettre de la cousine et le député dit avec un clin d’œil malin : « Laisse ! je veux voir jusqu’où la mènera son amour pour sa fille ! »



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